DESSINS D’HUMOUR

Expositions | Place Henri Dunant (+ accès par le 21, rue d'Arcole)

28 janvier 2010

 

 

 

 

 

 

 

Du dessin satirique d’hier aux cartoonistes d’aujourd’hui, une gEnEalogie de l’humour dessinE,

et une cElEbration enthousiaste de la puissance du trait.

 

Quels sont les racines et les ancêtres du dessin narratif tel que le pratique la bande dessinée d'aujourd'hui ?

Qui sont les illustrateurs et les caricaturistes d'hier qui ont influencé, parfois de façon décisive, le cartoon contemporain  ?

C'est ce qu'entreprend de retracer l'exposition « Dessinateurs d'humour », coproduite par le Festival international de la bande dessinée et la Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou, en remontant aux origines du dessin au trait et en établissant les généalogies, parfois complexes ou inattendues, qui mènent à la bande dessinée telle que nous la connaissons.

Au départ était la presse... Ainsi pourrait commencer cette histoire, tant elle est liée, au moins à l'origine, à l'essor au XIXe siècle de la presse de grande diffusion. Pour la première fois en effet depuis que les journaux ont été inventés, on sait les fabriquer et les distribuer à une échelle industrielle, et ainsi toucher un très large public.

Cette presse, et notamment la presse satirique apparue à la Belle Époque, a besoin d'images. Mais, la photographie n'étant pas alors encore aisée à produire, c'est au dessin (et aux dessinateurs) que va échoir la tâche d'alimenter les journaux en images, et d'illustrer les récits qu'ils proposent.

Le dessin, du coup, se libère de son assujettissement aux beaux-arts. Auparavant, il n'était encore qu'un simple outil pour les plasticiens, une étape préparatoire lors de l'élaboration d'une « grande œuvre » peinte ou sculptée. Désormais, la presse enrôle le dessin, se l'attache. Grâce à cette presse, le dessin va élaborer une grammaire et un vocabulaire visuels qui lui appartiennent, un sens qui lui est propre. En réponse à la place nouvelle que leur accordent ces nouveaux supports, les dessinateurs y marquent leur territoire.

Ce sera, jusqu'à l'orée du XXe siècle, l'âge d'or du dessin satirique, dans des journaux tels que L'Assiette au beurre en France, Simplicissismus en Allemagne, Punch en Angleterre ou The New Yorker aux États-Unis. Caricaturistes et dessinateurs ont conquis le droit de parler du monde, saisissant d'un trait acéré l'âme comme les dérives de leur époque et de leurs contemporains.

Du dessin satirique originel naîtront deux grandes écoles du dessin de presse, assez différentes l'une de l'autre : le dessin politique et le dessin d'humour. Leurs intentions divergent. Le premier, héritier de la caricature, demeure lié à l'actualité dont il rend compte par la satire ; le second cherche des voies propres. « Le dessin doit se suffire, le gag doit être uniquement visuel », disait Chaval - l'un des plus illustres représentants du dessin d'humour avec Chas Adams, Saul Steinberg ou Sempé - pour définir cet absolu du dessin d'humour. Cette exposition inédite retracera la chronologie du dessin d'humour : caricaturiste, puis humoriste dans les années 50, cartoonist dans les années 60, il connaît diverses mutations qui finissent par imprégner le monde de la bande dessinée. Certains dessinateurs, avant-gardistes géniaux, ont influencé de façon décisive leurs confrères de la bande dessinée contemporaine, tout en marquant l'histoire de leur art d'une empreinte graphique indélébile. Ainsi voit-on le trait d'un Gluyas Williams réapparaître chez Chris Ware, ou celui d'un Charles Huard chez Blutch, comme si l'esprit du dessin d'humour, son trait, finissait par ressurgir de lui-même, en possédant le dessinateur de bande dessinée...

De la préhistoire d'un genre jusque dans ses prolongements les plus actuels, une promenade anthologique en forme de feu d'artifice visuel. À ne pas manquer.

 


DESSINATEURS D'HUMOUR
Place Henri Dunant (+accès par le 21 rue d'Arcole)
Du jeudi 28 au dimanche 31 janvier 2010

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